Sur le chemin de l’éducation bienveillante, scène 2…
- Jan
- 23
Lorsque j’ai publié le 9 janvier 2016 un article relatant une conversation avec une amie en difficulté avec son fils âgé de quatre ans, sincèrement, je ne pensais pas qu’il serait lu et apprécié par autant de personnes.
Je pense que dans un premier temps, nous avons tous besoin d’entendre :
– Que le parent parfait n’existe pas, que l’enfant parfait non plus !
– Qu’être parent est une aventure fabuleuse…
– Et que le métier de parents est l’un des plus difficiles…
Chaque enfant est unique, chaque parent aussi…
Entendons l’éducation comme un tâtonnement, comme un réel apprentissage…
Sur ce chemin de la parentalité, pas de mode d’emploi standardisé, pas de livre de recettes miracles pour être des parents « parfaits » ! Puisque « le parent parfait » n’existe pas ! « Le super-parent » non plus !
Alors, soyons juste des parents aimants et « suffisamment bons » et ce sera déjà très bien… J’aime dire qu’il faut toujours essayer de faire de son mieux…
Ainsi, nous avons le droit, nous, parents, de traverser à un moment donné de notre existence une « zone de turbulence familiale », l’essentiel est de vouloir avancer et lutter, contre vents et marées !
Parfois, il suffit d’un regard extérieur, d’une écoute bienveillante et active, de conseils simples et pragmatiques non empreints d’un quelconque jugement, pour retrouver le calme après la tempête…
Pour ceux et celles qui n’ont pas lu l’article, voici le lien :
http://isabelle-le-tarnec.fr/sur-le-chemin-de-leducation-bienveillante/
Beaucoup m’ont demandé :
« Et alors ? La suite ? Est-ce que les conseils prodigués ont eu un effet positif sur la relation avec son fils ? »
Déjà quinze jours que nous avons fait les soldes avec mon amie…
Autour d’un thé, ce lundi, elle me confie que depuis notre conversation, l’ambiance familiale est beaucoup plus sereine :
« Du calme à la maison ! Ça fait du bien ! »
Et elle ajoute fièrement :
« Maintenant, je pratique la parole positive ! »
C’est un vrai bonheur pour moi de l’entendre dire cela et de la voir si détendue.
Elle me raconte :
« Le jour même de notre conversation, après l’école en arrivant à la maison, j’ai pris Yanis à part. Je voulais vraiment le rassurer sur mon amour pour lui comme tu me l’avais fait comprendre. Je lui ai dit qu’il serait toujours mon fils, que lorsque je lui avais dit, à plusieurs reprises, que j’allais le donner à une autre famille, c’est parce que j’étais très énervée, mais que jamais cela n’arriverait. Je lui ai répété qu’il était mon fils et qu’il le resterait pour toujours. Je lui ai dit que je l’aimais très fort et que j’étais fier de mon garçon.
Après, je lui ai dit que je voulais reparler avec lui de ce qui s’était passé le matin. Pincer sa sœur n’était pas un bon comportement et c’est ça qui m’avait beaucoup énervé. Et que j’étais fatiguée de certains de ses comportements. Je lui ai rappelé que les règles étaient les mêmes pour tout le monde, à la maison ou à l’école ! Il n’avait pas le droit de taper sa sœur comme ce matin ou de déchirer ses affaires. Je n’aimais pas le voir faire ça, mais lui, je continuerai toujours de l’aimer !
J’ai senti que vraiment il écoutait ce que je lui disais, car lui qui bouge tout le temps en général, là il me regardait et m’écoutait avec attention. Ça m’a surprise d’ailleurs.
Puis on s’est fait un gros câlin…
Quand mon mari est rentré, je lui ai tout de suite parlé de notre conversation. Il voyait bien ces derniers jours que j’étais à bout et comme il m’a dit : il fallait que je me calme… Même si c’est lui qui la première fois a dit à Yanis, que s’il continuait à être méchant, il irait dans une autre famille, mais comme il a ajouté vivement : « Moi, je lui ai dit qu’une fois ! Toi, tu n’arrêtais pas de lui dire, ces derniers jours ! »
En tout cas, les conseils que tu nous as donnés nous ont fait réfléchir tous les deux. Et ce sont des conseils simples et faciles à appliquer.
Le soir au coucher, j’ai reparlé à Yanis de ce qui s’était passé et j’ai été assez étonnée de l’entendre de lui-même me dire que l’on n’avait pas le droit de taper, que c’était mal… Je lui ai redit que je l’aimais et on s’est fait un gros câlin.
Depuis, l’ambiance à la maison est beaucoup moins électrique. Je me sens moi-même plus détendue et mon mari l’a vraiment remarqué ! Je ne démarre plus au quart de tour !
Dès que Yanis agit d’une façon qui ne me convient pas, je lui dis que je n’aime pas ce qu’il fait, tout en lui rappelant les règles de vie de la maison. Je pense à me mettre à sa hauteur et je cherche son regard ! J’aime bien lui prendre la main et je lui parle doucement ! J’ai même chuchoté la dernière fois, comme tu m’avais conseillé ! Et je sens qu’il m’écoute, alors qu’avant quand je lui criais dessus, j’avais vraiment l’impression qu’il n’écoutait rien du tout ! Et je n’oublie pas de le rassurer sur mes sentiments pour lui…. C’est vrai qu’avant, je ne pensais pas à le faire, comme si c’était tellement évident pour moi, que je ne voyais pas l’intérêt de lui dire au bout du compte. Pour moi, il savait que je l’aimais ! J’ai été élevée comme ça aussi ! Mes parents me disaient très rarement qu’ils m’aimaient…
Du coup, j’ai beaucoup plus de câlins de mon petit garçon ! L’autre soir, il m’a même dit « Je t’aime, maman ! » et ça faisait longtemps qu’il ne me l’avait pas dit…
Notre conversation m’a vraiment fait réfléchir sur les besoins de Yanis. Depuis que je travaille, j’ai beaucoup moins de temps aussi à lui consacrer, c’est une réalité !
Alors, j’ai réfléchi et j’essaie de m’organiser autrement. Lorsque mes enfants sont à l’école et que je suis en congé, je fais un maximum de tâches ménagères pour être davantage disponible quand je vais les chercher ! Du coup, je me sens aussi moins stressée et j’ai l’impression de moins courir.
J’arrive même maintenant à faire un petit jeu de société avec Yanis. Il ne faut pas que ça dure longtemps, mais avant ce n’était même pas possible, car il bougeait dans tous les sens et il avait vraiment du mal à rester en place !
Il y a quelques jours, la maîtresse m’a même fait la remarque qu’elle trouvait Yanis plus calme, plus attentif et du coup, plus disponible pour les apprentissages. Elle m’a même dit : « Yanis fait d’énormes progrès en ce moment ! »
C’est comme si mon petit garçon avait envie de grandir. Par exemple, lui qui ne voulait jamais mettre son cartable sur le dos. Cela m’énervait d’ailleurs ! Et bien, il le fait maintenant avec grand plaisir et il m’a même dit : « T’as vu, maman, j’ai mis mon cartable tout seul ! Je suis un grand ! »
Ce matin, après avoir fini son petit-déjeuner, il est venu tout de suite se lover sur mes genoux ! Ça fait du bien !
J’ai même réussi à aller dans un magasin de chaussures avec Yanis et sa sœur (5ans et demi) et tout s’est bien passé ! Je leur ai rappelé les règles, juste avant d’entrer dans le magasin, ce que je voulais qu’ils respectent. D’habitude, je passe mon temps à courir après Yanis, mais là pour une fois, les essayages de chaussures se sont passés dans le calme ! Eh oui ! Après j’ai bien senti qu’il ne fallait pas que cela dure trop longtemps, mais c’était déjà une petite victoire bien appréciable, sachant que je ne pouvais vraiment plus faire de magasins avec eux. J’essaie de leur faire plus de compliments, de les valoriser aussi et de ne pas toujours pointer ce qu’il ne va pas dans leurs comportements !
Il y a quinze jours, j’étais vraiment épuisée et sur les nerfs. Je n’arrivais plus à gérer. Aujourd’hui, ce n’est pas toujours facile, mais c’est comme si je n’en voulais plus à mon fils, car j’ai compris qu’il est en train de se construire et qu’il a vraiment besoin que je lui montre combien je l’aime… Je me sens plus apaisée. Ça me redonne confiance en moi dans mon rôle de maman. J’ai une autre arme que le coin, les punitions, ou lorsque je criais à m’en épuiser.
À la sortie de l’école, la semaine dernière, j’ai même discuté avec la maman d’un petit garçon qui est dans la classe de Yanis et qui a vraiment un comportement difficile. Je me suis vue lui donner des conseils ! Je lui ai parlé de « la parole positive ! » Je lui ai dit qu’il fallait absolument qu’elle le rassure sur son amour et qu’elle distingue bien ce que faisait son fils avec ce qu’il était : « Je t’aime mon chéri, mais je n’aime pas ce que tu fais ! »
Aujourd’hui, j’ai l’impression d’avoir réussi à prendre du recul ! C’est comme si avant, j’avais la tête dans le guidon et je n’arrivais plus à sortir des cris, des menaces, des punitions… pour me faire obéir. Mes loulous m’écoutent davantage, même si je dois répéter souvent les mêmes choses, mais comme tu m’as dit, il n’y a pas d’effet miracle non plus ! Tous les enfants ont besoin qu’on leur répète plusieurs fois les mêmes choses ! Et c’est normal ! D’entendre ça, ça m’a fait du bien aussi ! Mes enfants sont « normaux » !!! Et je suis une maman qui fait de son mieux ! »
Et moi d’entendre « ça », je suis très émue et je n’ai qu’une envie : prendre mon amie dans mes bras et je le fais !
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Bravo quelle victoire pour cette maman et son enfant, quelle victoire pour vous, pour nous et la société ! Vive l’éducation bienveillante. Nous aiderons nos enfants à devenir des adultes bienveillants ! (merci de supprimer mon 1er com truffé de fautes de frappe)