Éducation bienveillante et prématurité

La grande prématurité est un sujet qui me touche profondément, pour y avoir été confrontée de plein fouet, il y a huit ans et demi…

Mes jumeaux sont nés avec trois mois d’avance, soit à vingt-huit semaines d’aménorrhée (quarante et une semaines pour une grossesse classique).
Lorsque j’ai accouché en urgence par césarienne, j’étais bien incapable de savoir si je venais de donner la vie ou la mort… Ce sentiment effroyable, je ne souhaite à personne de le vivre. Mon fils, puis ma fille ont été « sortis » de mon ventre à deux minutes d’intervalle et ont été pris en charge immédiatement par l’équipe de réanimation. Impossible de les prendre dans mes bras et de leur dire combien mon amour pour eux était déjà immense. Je ne me suis jamais sentie aussi seule de toute ma vie… Mon mari, lui, était de l’autre côté de la porte du bloc, effondré et anéanti par cette peur tragique de perdre à la fois sa femme et ses deux enfants…

Je me vois encore allongée sur la table d’opération, nue comme un ver et habillée de mon immense chagrin, transpercée par « un sentiment de vide », un gigantesque vide dans mon ventre et dans mon cœur en pleurs…
À cet instant, je ne pensais qu’à une seule chose : voir mes bébés pour leur dire combien je les aimais et qu’ils devaient se battre pour vivre…
J’ai dû attendre plusieurs heures et lorsque les retrouvailles s’annoncèrent enfin, j’étais bouleversée par tant d’émotions : j’avais sous mes yeux deux petits êtres d’un kilo, chacun dans leur incubateur, intubés et reliés par de multiples fils à des machines qui les maintenaient en vie…
Mon mari et moi, nous ne connaissions pas cet univers si particulier.
De plus, Marie et Nathan étaient nos premiers enfants.
Difficile de se découvrir parents dans ces conditions…

Marie incubateurEt pourtant, minute après minute, heure après heure, jour après jour, nous nous sommes battus tous les quatre, car nous voulions que la vie l’emporte sur la mort…
Nous avons eu cette chance d’être accompagnés et soutenus, dans la découverte de notre métier de parent, par une équipe médicale merveilleuse. Nous ne remercierons jamais assez le service de Néonatalogie du CHU d’Angers pour tous les soins prodigués à nos loulous.

Une fois que le diagnostic vital de nos jumeaux n’a plus été engagé, nous avons un peu « soufflé » avec mon mari, même si le risque infectieux ne nous a pas quittés durant de nombreux mois.
La question des éventuelles séquelles s’est posée indubitablement…
Nous étions bien conscients du « possible effrayant » portant le nom de « handicap », surtout que nous exercions tous les deux le métier d’éducateur spécialisé.
Malgré notre formation, nous avions très peur, « justement » parce que nous percevions déjà les grandes difficultés inhérentes à cette situation.
Après une semaine d’inquiétude pour notre fils, les résultats de l’IRM de son cerveau ont été des plus rassurants !
Ainsi, l’ombre du handicap s’est éloigné et nos deux enfants ont continué de tout faire pour nous rassurer. Cette aventure délicate a prouvé leur force, leur courage, leur volonté et nous a montré leurs nombreuses compétences de nouveaux-nés.
Nous ne pouvions qu’être extrêmement admiratifs et fiers de nos deux petits champions.

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Cliquez sur les deux images pour lire le texte du faire-part de naissance de mes deux loulous, créé par mon mari et moi-même !

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Lorsque l’on est parent de prématuré, en général, l’arrivée de bébé à la maison est vécue comme une « seconde naissance »…

Les mois qui suivirent ne furent pas un long fleuve tranquille, mais à l’heure où je vous écris, nos deux amours, du haut de leur huit ans et demi, illuminent notre vie tous les jours ! Ils respirent la santé et la joie de vivre !

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20150629_12353bulletin NathanPour moi, une éducation bienveillante, c’est beaucoup de mots d’amour, de multiples gestes de tendresse, des paroles valorisantes, de la communication, de l’humour, des rires à profusion, un cadre structurant et contenant, de la douceur, de la fermeté, énormément de respect mutuel, une écoute active et bienveillante, de la patience, la prise en compte de nos émotions, de la confiance, de la responsabilisation, de la créativité, de la disponibilité

Pour tous les parents…

Isabelle LE TARNEC, une maman comblée

4 Responses so far.

  1. Carole dit :

    Quel bel article, si émouvant.
    Tant d’espoir donné lorsque l’on voit ce qu’ils sont devenus !

    • perlier dit :

      C’est votre amour qui les ont aidé a grandir ainsi ♥ j’ai rencontré marie qui est comment dire…une fillette pleine de joie et je me doute que Nathan l’ est tout autant encore bravo pour ce beau témoignage…bravo a vous d’être des parents formidables

  2. guillaume dit :

    Bonjour, je suis très touchée de lire votre post car j’ai vecu exactement la même chose. Mes jumeaux garçon et fille aussi, sont nés aussi à 28 semaines. Et la rentrée à l’école est une catastrophe et je suis vraiment dépitée. Au bout de deux jours d’école la maitresse refuse mon petit garçon parce qu’il n’est pas propre…Je me sens vraiment démunie face à autant de rigidité alors que l’école est le meilleur moyen de les faire progresser…

    • ILT dit :

      Je vous comprends totalement Élodie… Il est important de respecter le rythme de chaque enfant… et dans le cas de votre garçon, une réaction plus souple de la maîtresse pourrait être tout à fait adaptée compte tenu de l’intégration scolaire de votre fille… C’est la meilleure manière de faire progresser votre loulou et de lui donner l’envie d’être « propre » très rapidement, comme sa sœur et les autres camarades de classe ! Ma fille a marché 15 jours avant mon fils et ce fut une période à la fois difficile pour lui et dynamisante !
      Je vous envoie plein de pensées positives. Bien à vous. Isabelle

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