J’ai toujours voulu être maîtresse d’école comme de nombreuses petites filles… Étudiante, plus je m’approchais de ce projet professionnel et plus c’était clair dans ma tête : je souhaitais accompagner les enfants en difficultés scolaires !
J’ai obtenu mon BAC avec succès et j’ai choisi une faculté pour obtenir une licence. La psycho m’attirait beaucoup, mais à l’époque, cette voie était surchargée… J’ai décidé de me faire plaisir : passionnée d’histoire, je me suis éclatée durant trois ans ! Le diplôme en poche, j’ai préparé le concours de professeurs des écoles, toujours avec l’objectif de me former pour devenir instit spé (une espèce en voie de disparition de nos jours malheureusement…) Je n’ai pas pu intégrer un IUFM, mais les cours par correspondance ainsi que deux échecs (il n’y a pas de hasard…) m’ont permis d’être sur le terrain auprès des enfants : animation, soutien scolaire, périscolaire, divers stages dans des écoles, accompagnatrice lors des séjours scolaires (classes de neige…)
Ce fut la rencontre avec un enfant IMC (Infirme Moteur Cérébral) qui m’a fait découvrir l’éducation spécialisée, milieu que je ne connaissais pas du tout… Et ce fut une révélation…
J’ai préparé le concours d’éducatrice spécialisée que j’ai obtenu « du premier coup » ! Et je me suis lancée dans cette formation à l’Institut du Travail Social de Tours, avec sérieux, dynamisme et une détermination sans faille.
Trois stages ont été très formateurs :
– Le premier auprès d’enfants déficients intellectuels accueillis en CLIS (Classe d’Intégration Scolaire) et accompagnés par un SESSAD (Service d’Éducation Spécialisée et de Soins à Domicile.)
– Le second dans un centre de cure de désintoxication et de réadaptation sociale pour malades alcooliques.
– Le troisième dans un village d’enfants accueillant des jeunes confiés à l’Aide Sociale à l’Enfance par le Juge des Enfants.
Mon mémoire de fin d’études portait sur « Le respect de la continuité historique du jeune placé en institution… »
Je suis sortie « major » de ma promotion après trois ans particulièrement intenses… Un va-et-vient des plus constructifs entre la théorie et la pratique !
C’était pour moi une évidence : je souhaitais poursuivre mes missions d’éducatrice spécialisée dans le champ de la Protection de l’Enfance…
Mon premier poste : dans un service éducatif de voisinage, me situant dans les premiers maillons de la chaîne de la Protection de l’Enfance, la prévention. Puis, j’ai obtenu un poste au Conseil Général selon mes souhaits, afin d’exercer mes fonctions d’éducatrice-référente à l’Aide Sociale à l’Enfance.
Durant plusieurs années, j’ai assuré le suivi d’enfants et d’adolescents, placés par le Juge des Enfants (mesures judiciaires) ou à la demande des parents eux-mêmes (mesures administratives). Les jeunes étaient accueillis dans des institutions ou dans des familles d’accueil.
Les raisons de la séparation se résumaient à des carences éducatives importantes, à des maltraitances diverses, à des dysfonctionnements parentaux graves, à des problématiques familiales complexes…
Sur cette route, j’ai rencontré des jeunes cabossés, déjà très abîmés par la vie, mais dotés d’une force de vie incroyable…
J’ai croisé également la route de parents en grande souffrance qui n’avaient pas « appris » à aimer… Des parents, qui traînaient derrière eux de grosses casseroles, des histoires de vie très douloureuses… Des parents qui, enfants, n’avaient jamais entendu de mots d’amour, qui n’avaient pas eu la chance d’être baignés dans une ambiance familiale chaleureuse et joyeuse…
J’ai aussi fait la rencontre de parents qui, pour certains, n’osaient pas dire « non » à leurs enfants de peur de perdre leur amour… Des parents qui n’arrivaient pas à poser des limites structurantes, à proposer un cadre familial sécurisant et rassurant… Des parents qui n’avaient pas appris à différencier besoins et désirs chez leurs enfants…
Dans toutes les situations, j’ai beaucoup écouté, observé, pour tenter de « comprendre »…
Au sein de la Protection de l’enfance, un travail en réseau ainsi qu’une réflexion en équipe pluridisciplinaire sont indispensables, afin d’être respectueux des besoins et des places de chacun, enfant et parent.
Ainsi, les maîtres mots dans notre travail d’éducateur spécialisé sont le respect, l’empathie, l’écoute active, la valorisation et le non-jugement.
Dans mes fonctions d’éducatrice-référente à l’Aide Sociale à l’Enfance, j’assurais également le recrutement et l’accompagnement des familles d’accueil. J’animais aussi des groupes de paroles pour les assistantes familiales, ô combien nécessaires. Enfin, j’effectuais les enquêtes dans le cadre des procédures d’agrément de demande d’adoption.
Parallèlement, j’ai effectué une psychanalyse d’une durée de sept ans, afin d’être bien au clair avec ma propre histoire de vie et mieux armée face aux histoires de vie souvent chaotiques et douloureuses des personnes accompagnées dans notre travail d’éducateur spécialisé.
Suite à mes expériences professionnelles très enrichissantes, j’ai continué de grandir en devenant moi-même parent… Le début a été rude, car mes jumeaux sont nés grands prématurés à 28 semaines d’aménorrhée, soit à six mois de grossesse. J’ai ainsi poursuivi mon chemin d’évolution grâce à cet apprentissage progressif de la parentalité !
Mes trois loulous m’ont ainsi permis de devenir « maman » jour après jour !
Amoureuse des livres depuis ma plus tendre enfance, j’aime les mots et je suis convaincue de leur pouvoir sur les cœurs… L’écriture est une passion, le soutien à la parentalité aussi. J’aime réfléchir sur notre rôle de parent.
Ma démarche d’écriture est imprégnée par mon parcours professionnel et personnel… Pour conclure, le plus simple pour moi est de donner la plume à mon mari…
« Lorsqu’Isabelle m’a parlé pour la première fois de son idée de livres pour enfants, j’ai vu briller dans ses yeux une flamme que je connaissais bien… Cette flamme, je l’ai admirée durant plus d’une année lorsque nous étions de simples collègues. Oui, ma femme est une passionnée ! Une de ses missions préférées a toujours été l’accompagnement éducatif des familles en difficultés, dans le soutien à la parentalité.
Dotée d’un sens de l’écoute aiguisé, elle réussit toujours à valoriser les parents ainsi que leurs enfants, mettant en relief les ressources de chacun, malgré des problématiques toujours complexes.
Je suis le mieux placé pour dire combien Isabelle sait être une mère aimante, patiente, rassurante avec nos trois enfants. Amoureuse des livres depuis sa plus tendre enfance, elle aime les mots, convaincue de leur pouvoir sur les cœurs…
L’écriture de ses histoires constitue un prolongement évident de son parcours personnel et professionnel. On y retrouve sa simplicité, sa tolérance et sa générosité. »
